Histoire du constructeur automobile suédois SAAB
La Svenska Aeroplan Aktiebolaget naquit en avril 1937 à l’initiative du gouvernement suédois, afin de construire des avions militaires. En cette période troublée, le pays souhaitait en effet être à même d’assurer la défense de son territoire de manière autonome.
En 1939, Saab achète et fusionne avec la division aéronautique ASJ à Linköping, qui est également une société de fabrication de matériel de chemin de fer.
Années 40
Les premiers avions, d’inspiration américaine, sortirent d’usine en 1940 et équipèrent rapidement les escadrilles suédoises. Puis, les ingénieurs de la firme conçurent des modèles plus originaux. En 1944/45, afin d’assurer la pérennité de l’entreprise une fois la paie retrouvée, les dirigeants de Saab jugèrent utile d’envisager une diversification.
Ils décidèrent de lancer une production automobile après avoir étudié d’autres productions de remplacement. Ainsi débuta l’étude de la conception d’un prototype par une petite équipe constituée de 15 ingénieurs dirigée par Gunnar Ljungström. Sixten Sason, alors illustrateur chez Saab, rejoint l’équipe, et dessina la forme de la première voiture avant de devenir l’un des plus grands designers industriels de Saab.
Les Saab 90 et 91 étaient des avions, la Saab 92 fut … une automobile. Le premier prototype (la 92001), fabriqué à la main en 1946, fut présenté à la presse le 10 juin 1947. Il était équipé d’un moteur deux cylindres (dérivé dans son architecture du DKW de la même époque), de roues avant motrices, et offrait une ligne aérodynamique et une carrosserie très rigide.
L’auto avait le profil d’une aile d’avion, ce qui la rendait parfaitement aérodynamique, en augmentant son coefficient de pénétration dans l’air et en lui conférant une tenue de route irréprochable. Cet aspect caractéristique a influencé depuis le design des automobiles Saab.
Les essais en soufflerie révélèrent que la forme aérodynamique imaginée par Sason (son nom complet est Anderson) lui conférait un coefficient de pénétration dans l’air très performant. A l’époque seuls Citroën ou Panhard se préoccupaient de l’aérodynamisme de manière aussi précise.
Il fut nécessaire de transformer une usine d’avions en usine de voitures et de faire venir les outillages de Chicago. La production de la Saab 92 commença en décembre 1949. La gamme comportait deux modèles : la Standard 92 et la version De Luxe. Tous les modèles étaient peints de la même couleur pour simplifier le travail à l’atelier de peinture.
Le plus grand concessionnaire automobile suédois de l’époque, Philipsons, fut impressionné par la Saab 92 et signa un contrat pour la livraison de 8000 voitures au cours des trois premières années de production. Cette commande constitua une opportunité fantastique pour le tout nouveau constructeur automobile qu’était Saab alors, non seulement du fait de son importance, mais aussi parce qu’elle permettait d’accéder au réseau de concessionnaire Philipsons qui couvrait toute la Suède.
Années 50
En 1950, des Saab 92 participèrent au rallye de Monte Carlo. De nombreuses victoires en compétition marquèrent l’histoire de la marque jusqu’au début des années 80. La Saab 92 de 1953 était baptisée 92 B. Elle présentait une lunette arrière plus grande, et était disponible dans d’autres coloris que le vert qui avait été jusqu’alors la seule couleur disponible.
La production de la Saab 93 fut lancée fin 1955. Cette voiture était équipée d’un moteur deux temps à trois cylindres installé longitudinalement, développant 33 chevaux. Erik Carlsson commencait à l’époque à se faire un nom en gagnant le Rikspokalen sur sa 92 privée.
En 1956, Saab créa une filiale aux Etats-Unis, Saab Motors Inc. Les premières Saab 93 se vendirent en 1957. 1410 exemplaires trouvèrent acheteurs, soit 14 % de la production. A la fin de 1959, quelques 12 000 Saab 93 furent exportées vers les Etats Unis, qui étaient déjà devenus le plus important marché à l’exportation.
Commentaire de l’Auto Journal en 1959 :
” La Saab 93 est une robuste voiture d’utilisation courante, mais son aspect extérieur, d’un aérodynamisme efficace, rebute certains acheteurs étrangers ”
Au salon de Stockholm 1956, la Saab Sonett (ou Saab 94) fit sensation. C’était une voiture de sport ouverte à deux places avec carrosserie en fibre de verre. Six unités furent assemblées. La Saab 92 fut retirée de la production, un total de 20 128 voitures étant sorties des usines.
L’innovation 1958 consista en des points d’ancrage pour ceintures de sécurité montés sur les modèles de production de cette année. La Saab 93 Granturismo 750 fut le premier modèle de sport fabriqué en série avec un réglage moteur très poussé. Elle était équipée d’un volant de sport, d’un compte-tours, d’une lampe témoin de vitesse et de phares longue portée auxiliaires montés en série.
En 1959 est présenté le premier break, la Saab 95.
Années 60
La Saab 96 fut présentée au public en février 1960. Elle comportait de nombreuses modifications et améliorations, notamment un moteur plus grand et plus puissant. La 96 allait devenir le principal vecteur de vente de Saab au cours des années 60. Elle signait aussi la fin de la 93, retirée de la production après 52 731 exemplaires. En 1960, Philipsons perdit son exclusivité en Suède. Saab commença à développer son propre réseau, en faisant l’acquisition de ANA, et forma Saab-ANA.
Commentaire de l’Auto Journal en 1963 :
“… Son moteur donne toujours une impression d’aisance totale à n’importe quel régime. La Saab n’est jamais bruyante, fait rare sur les petites voitures. Son comportement routier est très sains et sa stabilité exemplaire. Son défaut le plus important est celui des moteurs deux temps ; une
consommation très élevée. Il faut encore parler de l’irritant problème du mélange … à chaque ravitaillement, il faut manipuler le bidon.”
La compétition faisait toujours partie à l’époque de la vie de la marque, et les succès s’accumulaient dans différents Rallye prestigieux Il donnèrent un renom international à la marque. Erik Carlsson gagna trois fois de suite le rallye British RAC en 1960, 1961 et 1962 et le Rallye de Monte Carlo en 1962 et 1963.
Désormais, et jusqu’en 1980, les rallyes et le sport automobile jouèrent un rôle important dans la promotion et s’intègrèrent dans le profil de la marque SAAB. En 1962, les ceintures de sécurité devinrent un équipement de série plusieurs années avant que la législation suédoise en rende le port obligatoire. La Saab Sport, basée sur la Saab 96, succèda à la Granturismo 750. Le modèle de la Saab Sport 1966 fut baptisé Saab Monte Carlo 850. Ce nom lui fut donné en hommage à Erik Carlsson. Les Saab 95 et 96 étaient équipées de moteurs V4 Ford à quatre temps. Ce moteur connut un succès immédiat tant sur le plan commercial qu’en rallyes. Il devait remplacer rapidement le moteur à deux temps sur tous les modèles Saab.”
La Sonnett II (Saab 97) fit son apparition sur le marché en 1966. C’était un coupé sport à deux places, à carrosserie en fibre de verre, destiné au marché américain afin d’égailler la marque Saab dont les succès dans les rallyes européens n’avaient que très peu d’impact. Il fut lancé à l’origine avec le moteur deux temps de la Saab 96 (258 unités seulement), rapidement remplacé par le V4.
Son succès sur le marché US fut limité. Les acheteurs potentiels avaient du mal à la prendre au sérieux. La publicité de Saab n’arrangera pas les choses en traduisant ” Sonett ” par ” jouet de luxe “.La concurrence de voitures de sport aussi reconnues que les MG ou les Triumph limitèrent surtout la demande. Production totale de 1966 à 1970 : 1768 exemplaires.
Les responsables de l’entreprise décidèrent de mettre à l’étude un modèle de catégorie moyenne, complètement nouveau, destiné à compléter la gamme et à combler le vide existant sur le marché national entre la petite Saab et les grosses Volvo.
La Saab 99 fut présentée à la presse en novembre 1967. Il s’agissait d’une berline cinq places, deux portes, dont la ligne, tout en étant absolument
différente de celle de la 96, conservait le style typique de la marque, surtout comparé à la ligne droite caractéristique des berlines européennes de l’époque.
Il s’agissait aussi du dernier modèle conçu par Sisten Sason, qui décèda cette année là. A l’issue d’essais intensifs, la production en série de la Saab 99 fut lancée au mois d’Août 1968.
La revue ” Europe Auto ” apportait les commentaires suivants en 1969.
” Du nord au Sud, les mêmes problèmes se retrouvent. Tout comme la méridionale Alfa Roméo, la firme suédoise Saab affichait une vocation résolument sportive. Inesthétique, lourde, vieillie, la 96 devait son succès aux exploits de Carlsson sur le difficile parcours du rallye de Monte-Carlo. Mais la production en grande série condamne les voitures peu attrayantes. Saab s’est donc efforcé de conserver les qualités de la rebutante 96 en les présentant sous une carrosserie plus agréable. Elle a confié ce rôle à sa nouvelle 99. De la 96, la 99 conserve les qualités de routière du froid : traitement anticorrosif de la carrosserie, amples passages de roues pour éviter le frottement des pneumatiques contre les talons de neige …
Comme les autres modèles Saab, la 99 adopte la traction avant et un moteur d’origine étrangère. Son choix s’est porté sur le quatre cylindres Triumph de 1709 cm3 … Les options mécanique de la 99 révèlent un net souci de modernisme.
Ce souci se retrouve dans le dessin de la carrosserie, vaste berline, phares rectangulaires, arrière compact. Le résultat est tentant … pour les conducteurs scandinaves. La grande majorité des automobilistes français hésitent à payer un prix élevé pour acquérir une voiture destinée à circuler dans des conditions difficiles, exceptionnelles sous notre climat. La Saab 99 peut néanmoins séduire les automobilistes français qui circulent dans les régions les plus rudes du pays “.
Saab AB et Scania-Vabis AB (Poids lourds) fusionnèrent pour former Saab Scania AB en 1969. Ce fut aussi l’année durant laquelle les Saab sortirent de la nouvelle usine de production de Saab-Valmet, en Finlande (une filiale à 50 % de Saab Scania).
Années 70
En 1970 fut présentée la Saab Sonett III. Elle devait sa ligne en partie au designer Sergio Coggiola. Elle se vendit majoritairement aux Etats Unis. Sa production fut de 8 368 exemplaires entre 1970 et 1974. Le magazine Road & Track écrivit à son sujet : ” … le dessin ferait pleurer de dépit n’importe quel étudiant sérieux en style automobile ”
La 500 000 ème Saab, une 99, sort de chaîne en février 1970. Stig Blomqvist gagna deux courses du championnat du monde en 1971, le Rallye de Suède et le RAC. 1972 vit la naissance de la Saab 99 EMS : une version de luxe à haut niveau de performances (118 ch Din) . C’est aussi durant ces années que la marque fit des efforts importants en matière de sécurité : matériaux à absorption d’énergie, protection contre les chocs latéraux …
La Saab 99 de 1974 est disponible dans sa version Combi Coupé. Ce design souleva un intérêt considérable, et a constitué la marque distinctive des Saab pour de nombreuses années. La Saab Sonett fut retirée de la production en 1974 : 10 129 voitures étaient sorties des usines.
Au mois d’Août 1976, Saab dévoila son Turbo Concept inédit à la presse, inaugurant une nouvelle ère dans l’histoire de la marque. 1976 est aussi l’année de production de la 1 000 000 ème Saab.
La Saab 99 Turbo fut présenté à l’IAA de Francfort en 1977. Elle atteignait la vitesse maximale de 200 km/h, avec des accélérations qui faisaient
oublier la période des Saab à moteur deux cylindres !
Elle était disponible en version trois portes avec hayon et était facilement reconnaissable grâce à ses roues ” Inca 3 ” et son spoiler arrière exclusif. Le succès commercial instantané et l’énorme couverture des médias suscitèrent un intérêt grandissant pour la marque Saab.
Le premier modèle de la Saab 900 est lancé en 1979. Ce modèle répondait aux normes de sécurité les plus strictes en vigueur. Il était développé
sur la 99, mais avec un empattement plus grand et un châssis plus long de 21 cm, un nouvel avant et un habitacle complètement nouveau.
Stig Blomqvist remporta le rallye de Suède au volant d’une Saab 99 Turbo, la première voiture à suralimentation à remporter une course au championnat du monde. Le projet X-29 (nom de code pour la 9000) est lancé en coopération avec Lancia puis Fiat.
Années 80
En 1980 apparaît la 900 Sedan, berline à 4 portes avec un coffre classique. La Saab 96 fut retirée de la production au bout de 20 ans en début d’année. La production de la famille 92, 93, 95, 96 cessa après 30 ans. Les règles de la compétition furent modifiées, et il était désormais possible de construire des voitures de rallye spéciales. Saab se retira de toutes les compétitions officielles.
Années 90
En 1990, la division automobile de Saab fut restructurée en une société indépendante dénommée Saab Automobile AB, Saab-Scannia et General Motors ayant chacun une participation de 50 % dans la société.
La gamme se diversifia en 1993 avec la présentation de la Saab 900 de deuxième génération, de conception totalement inédite. Elle était l’héritière directe de son prédécesseur.
C’est la première fois qu’un modèle Saab existant était remplacé par une version entièrement nouvelle dans le même segment. .
En 1994, elle fut déclinée en version 900 Cabriolet. En 1999, le constructeur suédois a entièrement remodelé la gamme 900, qui devint 9-3. Quant à la 9000, elle laissa progressivement sa place à la 9-5 à partir de 1997.